Une histoire de la naturopathie, de ses racines à nos jours
Parmi les thérapies alternatives ou non conventionnelles, la naturopathie est une thérapie alternative holistique en vogue depuis le début des années 2000, mais qui tire son origine de racines profondes. L’Histoire de la naturopathie peut remonter jusqu’à l’ayurvéda en Inde, et à l’Antiquité grecque avec Hippocrate. Nous allons vous décrire toute l’histoire de la naturopathie jusqu’à nos jours, en insistant sur les perspectives qui s’offrent aujourd’hui au naturopathe et à ces médecines douces.
Les racines profondes de l’histoire de la naturopathie
L’ayurvéda est une discipline qui s’est développée dans le sud de l’Inde depuis environ 5000 ans. Elle résulte de nombreuses connaissances empiriques sur les plantes, les aliments, la constitution de l’être humain, accumulées par les guérisseurs, les chamanes et les voyants, surtout du Sud de l’Inde, dans le Kerala, berceau de l’ayurvéda.
Durant l’Antiquité Grecque, les Arabes de la péninsule arabique commerçaient aussi bien avec le sud de l’Inde qu’avec l’Europe et l’Asie Mineure, et principalement la Grèce Antique. Si bien que les marchands arabes véhiculaient aussi les connaissances venues de l’Inde. Les chiffres arabes sont ainsi nommés car ils nous viennent de ces marchands arabes, mais en réalité, ils proviennent du sud de l’Inde. De même, nous avons hérité des hindous d’une partie de leurs connaissances de l’être humain.
Ainsi, Hippocrate a déterminé quatre tempéraments : le nerveux, le bileux, le lymphatique et le sanguin. Ces tempéraments dérivent directement des tempéraments ayurvédiques : vata (le nerveux, pitta (le bilieux), kapha (le lymphatique et le sanguin). Or ces tempéraments sont des éléments sur lesquels se sont beaucoup basés les naturopathes de la fin du 19ème siècle et jusqu’à nos jours pour déterminer en partie nos terrains de santé.
De fait, le naturopathe se réfère beaucoup à Hippocrate, qui a aussi affirmé : que l’aliment soit ton médicament, ce que d’ailleurs nous avons mis en pratique dans l’appli Hâpy, une appli de prévention santé basée sur les propriétés médicinales des aliments. Cela referme la boucle de l’histoire de la naturopathie.
L’émergence de la naturopathie
L’histoire de la naturopathie bascule vers la fin du 19ème siècle, à l’époque où la médecine commence à devenir allopathique, notamment sous l’impulsion de Louis Pasteur., par opposition à Claude Bernard, autre grand scientifique et médecin français, qui pensait que le microbe n’est rien, le terrain est tout.
Le courant de la naturopathie est né d’une part aux Etats Unis, et d’autre part en Allemagne. Dans ce dernier pays, les médecines naturelles se sont développées sous l’impulsion de l’abbé Kneipp.
Sebastian Kneipp, né le 17 mai 1821 à Stephansried et mort le 17 juin 1897 à Bad Wörishofen, était un prêtre catholique bavarois à l’origine de thérapies naturelles portant son nom. Issu d’une famille pauvre, il a surmonté la tuberculose grâce à l’hydrothérapie, ce qui l’a conduit à développer sa propre méthode de guérison par l’eau. En 1886, il a publié son ouvrage « Meine Wasserkur » (Ma Cure d’eau), popularisant sa méthode.
Kneipp a perfectionné ses techniques thérapeutiques à Wörishofen, où il a fondé le premier établissement de bains en 1880. Sa méthode, combinant l’utilisation de l’eau froide et des plantes médicinales, est devenue célèbre en Allemagne et dans les pays germaniques.
Au 19ème siècle, la naturopathie moderne a commencé à prendre forme, principalement aux États-Unis. Voici les événements clés de cette période de l’histoire de la naturopathie :
En Allemagne, Sebastian Kneipp a rejeté la médecine conventionnelle et s’est soigné lui-même de la tuberculose. Il s’est ensuite intéressé à l’action thérapeutique de l’eau et aux propriétés médicinales de certaines plantes. Il mis au point d’ailleurs les bains Kneipp aux sels imprégnés de matières végétales ou d’huile essentielle, qu’on peut encore trouver de nos jours dans le commerce. En 1895, John H. Scheel, inspiré par les travaux de Kneipp, a créé le terme « naturopathie » en associant « nature » et « path » pour signifier « le sentier de la nature ». Il démarra ainsi l’histoire de la naturopathie.
En 1902, Benedict Lust, un médecin allemand immigré aux États-Unis, a acquis le mot « naturopathie » auprès de Scheel. Il a fondé la première école de naturopathie à New York, l’«American School of Naturopathy», une école fondatrice de l’histoire de la naturopathie. Aux États-Unis, Bradford Cannon, physiologiste précurseur des rayons X, a énoncé la théorie de l’homéostasie, qui est devenue un concept important en naturopathie.
En France, le médecin Paul Joseph Carton a initié une médecine naturelle fondée sur les principes d’Hippocrate. Il a développé la méthode hippocratique cartonnienne, qui se différenciait de la médecine conventionnelle en définissant différemment les causes des maladies.
A partir des années 30, Pierre Valentin Marchesseau créa le premier courant de naturopathie en France. On le considère aujourd’hui comme le père de la naturopathie française, et il est à l’origine de l’histoire de la naturopathie dans notre pays.
Voici une interview de Marchesseau dans les années 70 dans l’émission aujourd’hui Madame. C’est Marchesseau qui indiqua que la naturopathie pouvait intervenir dans 50% des cas, l’homéopathie dans 30% des cas et l’allopathie dans 20% des cas. Il ne rejetait bien évidemment pas l’allopathie, mais prônait la collaboration entre médecins et naturopathes.
Si aux Etats Unis, la naturopathie tomba en disgrâce du fait de pouvoirs médicaux hostiles à cette méthode, elle se développa considérablement en Europe. Alors qu’en Amérique on taxa de charlatans les naturopathes, et d’effet placebo les résultats dus à leurs remèdes naturels, elle fut reconnue en Allemagne sous le nom de Heilpraktiker, malheureusement par un texte de loi datant de 1939, du pouvoir Nazi, ce qui n’était pas très vendeur si l’on peut dire. Une tache sombre dans l’histoire de la naturopathie. Plus tard, en 1973, le gouvernement de Willy Brandt réécrivit ce texte pour lui donner une légitimité plus acceptable politiquement.
En France, la naturopathie se développa en marge des systèmes de santé classiques, sans jamais être reconnue. Marchesseau forma ainsi de nombreux naturopathes, dont Robert Masson ou encore Grégoire Jauvais, bras droit de Marchesseau, et dont nous parlons dans cette vidéo de la chaine YouTube de la naturopathie :
Histoire de la naturopathie : son essort
La jeune histoire de la naturopathie vit son essor à partir des années 1990. Cette période n’était plus le temps des pionniers comme Marchesseau, Robert Masson ou encore André Passebecq. Certes, ces pionniers existaient toujours et portaient haut et fort leurs valeurs et leurs conceptions de la naturopathie, mais de nombreuses autres écoles ont vu le jour à ce moment là, ainsi que le principal syndicat de naturopathie, l’OMNES.
Toutes ces écoles qui ont vu le jour à cette période étaient généralement de bonne qualité, formaient généralement en 1200 heures des naturopathes relativement compétents. C’est d’ailleurs en 1998 qu’a été fondé notre enseignement, repris depuis dans notre école l’AEMN à partir de 2008.
Des mutuelles se sont également mises à rembourser la naturopathie. De nombreux compléments alimentaires ont commencé à voir le jour, surtout depuis 2006, date à laquelle une harmonisation européenne a permis de déterminer une procédure de mise sur le marché de ces produits de soins naturels.
Et de nombreux naturopathes ont commencé à travailler y compris dans des pharmacies ou des parapharmacies, pour conseiller ces compléments alimentaires à base de plantes, de vitamines, d’oligoélément, d’aromathérapie et autres, et pour recevoir en cabinet de consultation.
La naturopathie a alors agrégé autour d’elle l’usage de la phytothérapie, de l’hydrothérapie, des huiles essentielles, de la mycothérapie, de la nutrition, du magnétisme, de l’argile, des techniques de relaxation, de la réflexologie plantaire, de massages et autres techniques manuelles, des soins énergétiques, y compris inspirés de la médecine chinoise traditionnelle.
Certains naturopathes pratiquent aussi l’acupuncture ou l’homéopathie, bien que ces deux disciplines soient en principe réservées à la médecine classique. Notamment, l’utilisation d’aiguilles en acupuncture est réservée au corps médical. De même, le naturopathe n’est pas un ostéopathe ni un praticien en hypnose ou en sophrologie, trois thérapies complémentaires qui requièrent une formation spécifique. L’ostéopathie est même une des rares médecines alternatives reconnues à ce jour en France et remboursées par la plupart des mutuelles de santé.
Les dérives : le mauvais côté de l’histoire de la naturopathie
Malheureusement, l’histoire de la naturopathie est jalonné de scandales et de dérives, du fait surtout de gens mal formés à cette discipline exigeante. Cela s’est amplifié avec l’émergence de nombreuses écoles qui se sont mises à former à la va vite pour un tarif dérisoire. certains diront que cela démocratise la naturopathie. mais surtout, on peut préciser que cela a galvaudé cette discipline, qui doit aujourd’hui faire le ménage.
Effectivement, certaines pseudo écoles forment en tout e-learning avec quelques supports de cours et 100 heures de formation, ce qui est très insuffisant pour proposer des conseils avisés. Il y a eu des scandales avec des décès causés par des soit disant naturopathes dont les conseils amenaient les usagers à abandonner tout suivi médical, par exemple. Ces comportements sectaires se sont beaucoup développés parce que de nombreux clients de ces pseudo écoles se sont installés et ont fait n’importe quoi. Et cela a pas mal entaché l’histoire de la naturopathie.
D’autres praticiens peu regardants vont également amalgamer la naturopathie avec des pratiques plus douteuses, comme la voyance ou le reiki, par exemple.
En réalité, le praticien naturopathe doit répondre à des critères de qualité et à une déontologie précise.
Les perspectives de la naturopathie
Aujourd’hui, la naturopathie a quand même de beaux jours devant elle, car de nombreux pharmaciens par exemple embauchent des naturopathes pour conseiller les compléments alimentaires vendus en officine. Et de plus, la profession s’est structurée autour de l’OMNES et des écoles les plus sérieuses, pour proposer des règles, lesquelles sont encore dans les cartons de l’AFNOR. C’est sur la reconnaissance officielle de ces règles par l’Etat français que nous espérons d’ailleurs clore positivement l’histoire de la naturopathie, en évacuant également les pseudo écoles qui lui font du mal.
Voici une présentation en vidéo de notre école de naturopathie :
Aujourd’hui, la naturopathie s’inscrit parmi ce qu’on peut appeler les médecines complémentaires. Elle se développe aussi au travers du concept de médecine intégrative. Elle compte de nombreux praticiens naturopathes, dont certains travaillent en cabinet et d’autres dans des boutiques spécialisées ou des pharmacies.
Et lorsqu’elle sera reconnue officiellement, elle pourra rentrer dans les hôpitaux, les cliniques, en relation avec la médecine conventionnelle. L’ordre des médecins n’y serait même pas hostile pour peu qu’une règlementation voit enfin le jour. Une nouvelle histoire de la naturopathie à venir…